Jérôme Bouquet : “J’aide à voir autrement…”  

Par Anne Eveillard – Journaliste  

« J’ai toujours préféré les chemins de traverse aux routes toutes tracées. » Jérôme Bouquet n’est pas un suiveur. Plutôt un « inventeur », un chineur, un dénicheur. Face à une problématique, il cherche des pistes, recherche une approche inédite, ajuste les bons outils et avance vers une solution. Un mode opératoire que ce polytechnicien, diplômé aussi de l’ENSTA et HEC, a appliqué une quinzaine d’années chez Naval Group, spécialisé dans la construction navale de défense, puis, durant six ans, au sein du ministère de la Défense. Avec des missions liées aux affaires industrielles et économiques, mais aussi à l’innovation et la transformation. « Mon travail consistait à imaginer des modèles pour voir les choses autrement », explique Jérôme Bouquet. Ce qu’il poursuit toujours aujourd’hui, mais dans le cadre d’un cabinet de conseil qu’il a créé fin 2020 à Paris.

Aborder une problématique par le biais de la culture d’entreprise

La spécificité du cabinet Jérôme Bouquet Conseil réside dans l’angle choisi pour aborder une problématique. À savoir : la culture d’entreprise. Une culture d’entreprise que Jérôme Bouquet appréhende tel « un conditionnement » : « Chaque salarié apprend des schémas qui vont, ensuite, influencer sa façon de parler, faire, se comporter avec les autres. C’est ce qui permet de fonctionner en groupe. Mais, parfois, on n’a plus le recul suffisant pour agir, réagir, décider. » C’est à ce moment précis que Jérôme Bouquet se propose d’intervenir, « pour changer la façon dont on se représente une situation ».

S’adapter au changement

« La technologie n’est qu’un outil », souligne Jérôme Bouquet. Autrement dit : face à un changement, elle n’est pas la totalité de la solution. Ni la seule clé pour sortir d’une crise. Derrière les mots « innovation » et « transformation », le consultant voit « l’adaptation à ce qui a changé dans l’environnement d’une entreprise, mais aussi chez les salariés concernés ». Mais pour s’adapter, pas question d’imposer, au risque de susciter un rejet immédiat. « Il faut comprendre les enjeux, estimer le décalage avec la culture d’entreprise, puis ajuster, progresser par étape, procéder au cas par cas », détaille Jérôme Bouquet. L’idée étant de pointer ce que les équipes en interne ne perçoivent pas, ne perçoivent plus. Puiser dans les ressources même de l’entreprise : « appuyer sur le bon bouton », comme dit le consultant. Une introspection qui prend la forme d’un nouveau regard posé sur un rouage, une équipe, un projet, une stratégie.

Suivre une méthode

Elle s’appelle R-Inflexion. C’est le nom de la méthode mise au point et développée par Jérôme Bouquet, pour dispenser du conseil en transformation et innovation par le biais de la culture d’entreprise. En pratique, il diagnostique la culture d’un groupe. Il décortique la façon dont les salariés expriment ce qu’ils ressentent. Il analyse leurs interrogations quant à leur stratégie. Puis il construit des messages, instaure des dispositifs, ainsi qu’une nouvelle façon de faire circuler l’information. « C’est un peu comme si j’ouvrais les fenêtres », dit-il : « J’apporte une nouvelle façon de voir, apprendre, comprendre. » La durée du processus varie, bien sûr, selon la taille et le profil de l’entreprise. Un processus tout au long duquel, Jérôme Bouquet aide à rectifier certains axes stratégiques, accompagne pour s’engager sur de nouvelles voies, soutient pour faire le deuil d’un certain passé : « Parce que, non, ce n’était pas mieux avant… C’était juste autrement. » Autre tâche du consultant : faire accepter d’avancer à tâtons, ne progresser qu’à petits pas. Pour lui, il ne sert à rien de rompre, briser, casser, détruire. Mieux vaut « infléchir la réalité et donner une direction ».